Bien que peu d’études existent sur ce sujet, les risques pour la santé humaine sont bien réels. Les espèces envahissantes peuvent ainsi transmettre des maladies ou infections, exposées l’homme à des biotoxines, allergènes et substances toxiques ou encore facilitées l’apparition de maladies et de blessures [1].
Certaines espèces animales peuvent en effet être des vecteurs ou des réservoirs de pathogènes transmissibles à l’homme. Bon nombre des « grandes » épidémies résultent d’un contact accru avec des espèces sources de virus, bactéries et autres pathogènes. La peste bubonique fut probablement importée en Europe en 1346 suite à l’importation de fourrure ou d’animaux vivants en provenance de Mongolie. Les animaux ou matériaux importés transportaient un parasite vecteur de la bactérie responsable de la peste, Yersinia pestis. Diffusée parmi les rongeurs, l’homme fut infecté au contact avec ces organismes, supposément des rats. La peste bubonique causa plus de 200 millions de morts [1].
La situation n’est pas différente aujourd’hui. Avec l’accroissement de la population humaine, l’empiétement sur les écosystèmes et territoires occupés par les espèces, la proximité entre l’homme et la faune augmente et favorise la propagation de maladies. On estime ainsi que sur plus de 1400 maladies infectieuses humaines, environ 61 % impactent aussi les animaux et que 72 % à 75 % des maladies émergentes sont zoonotiques [2].
Les invertébrés sont des espèces particulièrement à risques. Facilement transportées par l’homme, elles peuvent transmettre des maladies sévères telles que le typhus par simples morsures ou piqûres.
Parmi les mammifères, le Tamia de Sibérie ou écureuil de Corée (Tamias sibiricus) est une espèce envahissante qui était vendue dans les animaleries et qui a été relâchée dans les années 1970 dans le milieu naturel. Aperçu dans des forêts en Île-de-France et en Picardie, le rongeur porte la bactérie responsable de la maladie de Lyme. Sa pression parasitaire plus élevée que les rongeurs indigènes, le risque de transmission à l’homme est plus élevé [3].
La leptospirose, maladie bactérienne aussi appelée « maladie des rats », est quant à elle véhiculée par le ragondin et le rat musqué. Principale source de contamination : l’eau contaminée par les urines de rongeurs infectés. Transmissible à l’homme, elle génère fièvre, maux de tête, douleurs musculaires et articulaires diffuses et peut évoluer pour atteindre les reins, le foie, les poumons et le cerveau [4]. Elle touche environ 600 personnes par an en France métropolitaine (cas déclarés, 2014-2016) [4]. Elle se trouve également être une maladie abortive des bovins.
Les espèces floristiques sont aussi à incriminer. Certaines plantes envahissantes peuvent ainsi affectées l’homme par leurs fortes propriétés allergisantes ou leurs propriétés phototoxiques.
La berce du caucase (Heracleum mantegazzianum), présente en région Hauts-de-France, produit ainsi une sève phototoxique. Exposée aux rayonnements solaires, cette sève provoque inflammations et brûlures pouvant aller jusqu’au second degré. En contact avec les yeux, quelques gouttes peuvent même mener à un aveuglement temporaire ou permanent. La berce du caucase est donc à manipuler avec grandes précautions lors de travaux de gestion [1].
Biblio graphie
[1] G. Mazza, E. Tricarico, P. Genovesi & F. Gherardi (2014) Biological invaders are threats to human health: an overview. Ethology, Ecology & Evolution, 26:2-3, 112-129
[2] Tomley F.M., Shirley M.W. Livestock infectious diseases and zoonoses. Philos. Trans. R. Soc.
B Biol. Sci. 2009;364:2637–2642.
[3] http://especes-exotiques-envahissantes.fr/enjeux-en-france/
[4] Rapport
annuel d’activité 2017 pour l’année 2016 du Centre National de Référence de la Leptospirose – Inst. Pasteur Paris 11. Rapport annuel d’activité 2014 pour l’année 2013 du Centre National de Référence de la Leptospirose – Inst.
Pasteur Paris