Cet article a été rédigée par le Groupe ornithologique et naturaliste (agrément régional Hauts-de-France) en janvier 2023.

Comment reconnaitre le Frelon asiatique ?

Morphologie

Le Frelon asiatique (Vespa velutina) est un insecte ressemblant à une grosse guêpe, avec un abdomen principalement brun/noir avec des pattes de couleur jaune à leurs extrémités, ce qui lui vaut aussi le nom de Frelon à pattes jaunes.
Il est souvent confondu à tort avec son cousin européen qui est pourtant assez facile à différencier : le Frelon d’Europe (Vespa crabro) est plus gros, possède un abdomen jaune et noir et des pattes entièrement brunes. Les guêpes « communes » sont beaucoup plus jaunes et plus petites que le Frelon asiatique. Attention, certains pollinisateurs ont une coloration proche de celle du Frelon asiatique mais avec une forme différente. Le Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris (MNHN) a réalisé une page web d’aide à l’identification : https://frelonasiatique.mnhn.fr/identification/


Le Frelon asiatique, le Frelon européen et la Guêpe ©Claire Poitout

Nid

Le Frelon asiatique construit un nid primaire dès l’arrivée des beaux jours au printemps (mois de mars). Ce nid en papier mâché est petit, sphérique et se situe généralement dans un endroit abrité (cabanon, ruche vide, bord de toit, cavité murale, roncier, etc.). A ce stade, il est nécessaire de prendre une photo d’individu.s que l’on voit entrer ou sortir du nid pour s’assurer qu’il s’agit du Frelon asiatique.

Si l’emplacement du jeune nid devient inadapté pour la croissance de la colonie (ce qui arrive dans 70% des cas), l’ensemble de la colonie déménagera pour construire un nid secondaire, souvent en août, plus grand (jusqu’à 80 cm de diamètre et 1 m de haut), composé de plusieurs galettes d’alvéoles. Cet ensemble, construit généralement à plus de 10 mètres de haut dans un arbre, est enveloppé d’une couche de papier mâché avec une petite ouverture qui lui permet d’entrer sur le côté. Les nids, abandonnés en hiver, ne sont jamais réutilisés l’année suivante. Il est donc inutile de les détruire à cette période.

Le nid mature du Frelon européen se distingue principalement à sa large ouverture d’entrée dirigée vers le bas. On ne le trouve jamais en haut des grands arbres mais plutôt dans des troncs creux ou d’autres endroits abrités.

Les guêpes « communes » (Vespula germanica et Vespula communis) sont beaucoup plus petites : elles mesurent 1 à 2 cm et plus jaunes que le Frelon asiatique. Leur nid est généralement construit dans des cavités d’habitations (conduits d’aération, faux plafonds, combles, etc.). On peut parfois le trouver à l’extérieur où il peut être confondu avec celui du Frelon asiatique mais il est systématiquement logé dans des lieux protégés, sombres et dissimulés ou dans les haies. Pouvant atteindre 1 m de diamètre, le nid est muni d’une très petite ouverture à sa base.

Comportement de chasse près des ruches

Si les frelons adultes se nourrissent de liquides sucrés (miellat, nectar, fruits tombés de l’arbre…) et de liquides régurgités par les larves, ces dernières sont exclusivement carnivores et sont nourries par les proies apportées par les ouvrières. Malgré un régime alimentaire similaire, les deux espèces de frelons présentes chez nous se distinguent par leurs méthodes de prédation.

Lorsqu’il chasse, le Frelon asiatique peut typiquement effectuer des vols stationnaires devant les ruches pendant la journée. Ce comportement de chasse stresse les butineuses qui n’osent plus sortir de la ruche pour récolter le pollen et le nectar. Les réserves en miel sont donc amoindries, ce qui peut poser des problèmes de survie de la colonie en hiver sur des colonies déjà affaiblies en cas de forte prédation. La conformation des ruches, notamment lorsqu’une grille à reines est installée, empêche ou limite la pénétration du Frelon asiatique dans la colonie.

Le Frelon d’Europe présente un vol plus direct. Les abeilles domestiques ne sont pas capturées à l’entrée des ruches mais à l’occasion de leurs activités extérieures (recherche d’eau ou de nourriture). Leur prédation, plus ponctuelle et éloignée des ruches, ne génère pas de stress particulier pour les colonies d’abeilles.

Vol stationnaire devant une ruche, typique du Frelon asiatique
Le Frelon asiatique envahit-il les Hauts-de-France ?

Pour autant qu’on le sache, le Frelon asiatique a été introduit involontairement en France un peu avant 2004 en Nouvelle-Aquitaine. Depuis, sa répartition progresse en moyenne de 60 km par an.

Il a été signalé pour la première fois en 2011 dans le département du Nord mais ne semble alors pas avoir réussi à s’installer. Le premier nid a été signalé en 2016 dans l’ex-région Nord – Pas-de-Calais. Pour mieux connaitre sa répartition dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais, cliquez sur le bouton : 

En Picardie, il est observé pour la première fois en 2013. Pour mieux connaitre sa répartition dans les départements de l’Oise, de l’Aisne et de la Somme, cliquez sur le bouton : 

Aujourd’hui, il est réparti sur l’ensemble de la région sans être pour autant très abondant.

Le Frelon asiatique est-il agressif et dangereux ?

Le Frelon asiatique n’est pas plus agressif que les abeilles, les guêpes ou le Frelon européen. Il n’essayera jamais d’attaquer un être humain tant qu’on ne tente pas de l’attraper et qu’on ne cherche pas à détruire un nid. On peut même observer un nid à une distance de 4 ou 5 mètres sans risque. Les rares personnes piquées l’ont été en tentant de détruire un nid, en faisant vibrer/bouger l’arbre dans lequel il se trouve ou en touchant une ouvrière par inadvertance. La piqûre, si elle reste douloureuse, n’est pas plus dangereuse que celle d’une guêpe ou d’une abeille. Tout comme pour ces dernières espèces, si vous avez été piqué(e) au niveau du visage, sur ou dans le cou, que vous êtes allergique, que vous avez été piqué(e) de nombreuses fois ou voyez un jeune enfant se faire piquer, une prise en charge médicale d’urgence est recommandée.

Le Frelon asiatique est-il nuisible aux abeilles ?

Le Frelon asiatique n’est pas la cause principale de déclin des abeilles mais vient s’ajouter à une liste de menaces déjà longue. Ce déclin est un phénomène mondial qui s’observe également là où il n’y a pas de Frelon asiatique.

Parmi les causes les plus importantes du déclin des abeilles, on peut citer l’utilisation de pesticides comme les néonicotinoïdes, la raréfaction des plantes mellifères (en particulier les fleurs sauvages), l’intensification des pratiques agricoles, la destruction des habitats naturels, les parasites (ex. Varroa) et les pathogènes (notamment virus) ou encore le changement climatique. S’il représente une nuisance pour l’apiculture de par son comportement de chasse, il faut rappeler que cette dernière reste ponctuelle et localisée (toutes les ruches ne sont pas perturbées par des frelons asiatiques). Le régime alimentaire du Frelon asiatique est en effet essentiellement constitué de nombreux insectes sauvages (mouches, guêpes, abeilles sauvages…) et d’araignées.

Son impact sur la faune sauvage est difficile à mesurer mais semble malgré tout limité. Les tentatives de lutte inadaptées contre cette espèce (comme l’utilisation de pièges non sélectifs) ont par contre un impact beaucoup plus important sur la faune que le frelon lui-même.

J’ai vu un Frelon asiatique, que faire ? A qui dois-je le signaler ?

La première étape consiste à vérifier qu’il s’agit bien de cette espèce. Pour cela, rendez-vous dans la rubrique « Comment reconnaître le Frelon asiatique ? ».

Ensuite, gardez votre calme : un ou quelques frelon.s isolé.s ne va/vont pas vous attaquer spontanément si vous êtes à plus de 4-5m du nid mais pourront vous piquer pour se défendre si vous tenter de le.s tuer/capturer.

Ne posez pas de pièges. Il n’existe pas à l’heure actuelle de dispositif spécifique au Frelon asiatique : même s’ils peuvent sortir du piège, le séjour plus ou moins long des insectes à l’intérieur du piège les stresse fortement (prédation, chaleur excessive, humidité, etc.) et augmente leur mortalité. De plus, les insectes ayant le même gabarit que le Frelon asiatique seront piégés. Les pièges actuels détruisent donc, en plus du Frelon asiatique, de très nombreux insectes utiles pour le jardin et les habitats naturels : en particulier des pollinisateurs, des guêpes et des frelons européens qui sont prédateurs de nombreux insectes herbivores tels que les chenilles, les criquets, les sauterelles, de nombreuses mouches, etc.

Vous pouvez transmettre votre observation, si possible accompagné d’une photo, sur la plateforme en ligne SiRF, qui permet de mieux connaître la répartition des espèces de faune : http://gon.fr/sirf/

Votre observation apparaitra ensuite dans la carte de répartition du Frelon asiatique :

J’ai vu un nid de Frelon asiatique, que faire ? A qui dois-je le signaler ?

La première étape consiste à vérifier qu’il s’agit bien de cette espèce. Pour cela, rendez-vous dans la rubrique « Comment reconnaître le Frelon asiatique ? ».

La destruction des nids de Frelon asiatique n’est pas toujours utile et en aucun cas obligatoire dans le Nord ni le Pas-de-Calais. En novembre, les futures reines fondatrices quittent le nid et il ne reste alors que quelques ouvrières qui vont mourir dès les premières gelées. Inutile de détruire un nid en période hivernale (à partir de mi-novembre) : il sera inoccupé ou en et ne sera pas réutilisé l’année suivante et tombera généralement de lui-même, faute d’entretien. Sa destruction à l’aide de pesticides sera en revanche coûteuse et néfaste à la vie sauvage.

Au printemps ou en été, voici la réaction à adopter selon le cas de figure :

1/ Le nid est situé à un endroit où le risque de piqûre est important (ex : dans une chambre d’enfant, dans une cour de récréation, dans une maison de retraite)

Appeler les pompiers pour le faire enlever. Ils évalueront la situation et interviendront si le risque est avéré.

2/ Le nid est à un endroit non dangereux pour l’être humain (ex : en haut d’un arbre, dans un abris jardin)

Sa destruction n’est pas obligatoire. Si vous souhaitez malgré tout l’éliminer, n’agissez pas par vous-même et faites appel à un professionnel certifié. La destruction doit se faire le plus tôt possible (et jusque mi-novembre, après elle devient inutile) et à la tombée de la nuit ou au lever du jour pour limiter les risques d’accidents et pour tuer le plus d’ouvrières possible. Actuellement une des meilleures techniques est l’injection d’insecticide dans le nid à l’aide d’une perche télescopique. Il convient ensuite de récupérer le nid et de l’éliminer en suivant les pratiques réglementaires en vigueur sur la gestion des déchets pour éviter que des oiseaux ou d’autres insectes soient intoxiqués en consommant les frelons morts. Des techniques d’injections de chaleur ou de froid (azote liquide) sont à l’étude. Non-impactantes sur l’environnement, ces techniques permettent de laisser le nid sur place après l’opération.

3/ Le nid est situé près de mon rucher

Voir la rubrique « Des frelons s’attaquent à ma/mes ruche.s, que faire ? »

Quel que soit le cas de figure, vous pouvez transmettre votre observation, si possible accompagnée d’une photo, sur la plateforme en ligne SiRF, qui permet de mieux connaitre la répartition des espèces : http://gon.fr/sirf/

Votre observation apparaitra ensuite dans la carte de répartition du Frelon asiatique :

Des frelons s’attaquent à ma/mes ruche(s), que faire ?

Piéger les reines au printemps n’est pas utile et s’avère néfaste pour la biodiversité. En effet, la mortalité des reines est très forte au printemps lors de la fondation des colonies. Les piéger réduit la compétition entre elles et ne change pas le nombre de nids observés au cours de l’été.

Le plus gros impact négatif du Frelon asiatique est le stress qu’il induit aux abeilles mellifères. En effet, elles stoppent ou réduisent considérablement leur activité lorsqu’un frelon vole devant la ruche. La prédation, même si elle peut être importante, n’impacte généralement pas la survie de la colonie d’abeilles en bonne santé.

En été, voici la réaction à adopter selon la situation :

1/ La prédation sur mon rucher est faible

Si la prédation est faible, l’impact du Frelon asiatique sera faible également. La destruction mécanique (à l’aide d’une tapette à mouches ou d’une raquette par exemple) des quelques individus présents devant les ruches sera la plus adaptée.

2/ La prédation sur mon rucher est moyenne

Malgré la destruction mécanique de quelques individus, vous constatez que de nouveaux frelons arrivent régulièrement. Or, le stress induit par les frelons immobilise les ouvrières qui n’osent pas sortir de la ruche pour butiner.

Dans ce cas, les solutions les plus adaptées et économiques sont de réaliser des aménagements sur ou autour des ruches comme la pose d’un grillage pour éloigner le Frelon asiatique de l’entrée des ruches. Cela consiste en l’achat ou la fabrication d’une « muselière » ou d’un abri grillagé à mailles de 5,5 x 5,5 mm autour des ruches. Le grillage doit être assez large pour laisser passer les abeilles et suffisamment petit pour que le Frelon asiatique ne puisse pas passer. On peut également laisser les hautes herbes se développer devant la ruche dans le même objectif. Il est possible aussi de combiner ces deux techniques. L’avantage de ces approches est qu’elles n’ont aucun impact sur les autres pollinisateurs.

3/ La prédation sur mon rucher est importante

De nombreux frelons pratiquent le vol stationnaire à l’entrée de vos ruches et risque d’impacter la production de miel.

Dans cette situation, cela signifie que la colonie de Frelon asiatique se trouve non loin du rucher. Il convient alors de rechercher le nid puis de faire appel à un professionnel certifié pour le détruire. La destruction doit se faire le plus tôt possible (et jusque mi-novembre, après elle devient inutile) et de préférence à la tombée de la nuit ou au lever du jour pour limiter les risques d’accidents et tuer le plus d’ouvrières possible. Actuellement une des meilleures techniques est l‘injection d’insecticide dans le nid à l’aide d’une perche télescopique. Il convient ensuite de récupérer le nid et de l’éliminer en suivant les pratiques réglementaires en vigueur sur la gestion des déchets pour éviter que des oiseaux ou d’autres insectes soient intoxiqués en consommant les frelons morts. Des techniques d’injections de chaleur ou de froid (azote liquide) sont à l’étude. Non-impactantes sur l’environnement, ces techniques permettent de laisser le nid sur place après l’opération.

Cette solution est cependant coûteuse. Pour un plus petit budget, optez pour les solutions proposées dans « La prédation de mon rucher est moyenne »).

Une autre solution économique et efficace mais pas toujours facile à mettre en œuvre est de déplacer votre rucher dans un endroit non colonisé par le Frelon asiatique.

Retenons qu’il n’existe à l’heure actuelle pas de pièges réellement sélectifs : même s’ils peuvent sortir du piège, le séjour plus ou moins long des insectes à l’intérieur du piège les stresse fortement (prédation, chaleur excessive, humidité, etc.) et augmente leur mortalité. De plus, les insectes ayant le même gabarit que le Frelon asiatique seront piégés. Les pièges actuels détruisent donc, en plus du Frelon asiatique, de très nombreux insectes utiles pour le jardin et les habitats naturels : en particulier des pollinisateurs, des guêpes et des frelons européens qui sont prédateurs de nombreux insectes herbivores tels que les chenilles, les criquets, les sauterelles, de nombreuses mouches, etc. En outre, le piégeage des ouvrières est très peu efficace car les individus morts sont rapidement remplacés par de jeunes individus.

Des recherches actuellement en cours sur un piège sélectif avec un appât constitué de phéromones et n’attirant que le Frelon asiatique. Cela pourrait être une alternative intéressante.

Méthodes proscrites pour la lutte contre le Frelon asiatique

©CC-BY-SA 3.0 Abrahami
Source : https://www.label-abeille.org
Peut-on éradiquer le Frelon asiatique ?

Non, pas dans l’état actuel des connaissances. Il est pour l’instant illusoire de croire que l’on pourra totalement l’éradiquer. En effet, un seul nid de Frelons asiatiques produit potentiellement assez de reines fondatrices pour repeupler un département entier. Il faut donc apprendre à vivre avec. Il est toutefois possible de limiter son impact sur les ruches avec des moyens de lutte adaptés (cf. la rubrique « Des frelons s’attaquent à ma/mes ruche(s), que faire ? »).

Où trouver des informations sur le Frelon asiatique ?

Pour aller plus loin, la seule source d’informations fiables et à jour est le site du Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN) : http://frelon asiatique.mnhn.fr/

Il y a de nombreux autres sites internet parlant du Frelon asiatique. Cependant, beaucoup de ces sites relaient des informations fausses, non vérifiées, voire dangereuses en encourageant l’utilisation de méthodes de lutte inefficaces à des périodes de l’année et/ou dans des lieux inadaptés.

Le Groupe ornithologique et naturaliste