La hiérarchisation des espèces exotiques envahissantes dans les Hauts-de-France permettra de classer les taxons en fonction de leurs impacts écologiques, économiques et sanitaires. Dans un premier temps, seuls les impacts environnementaux seront pris en compte. Ce travail aidera à sélectionner les actions de gestion prioritaires en déterminant les espèces les plus préoccupantes en région. La mise en place d’un protocole de priorisation des actions de gestion pourra ainsi succéder à la hiérarchisation afin de prioriser les interventions sur lesquelles plus de temps et de moyens seront investis.

Cette étude se déroulera en plusieurs étapes :

  • dans un premier temps, une liste des espèces exogènes présentes dans les Hauts-de-France et susceptibles d’être envahissantes sera réalisée (étape 1) ;
  • la liste sera ensuite affinée en utilisant la méthodologie pour l’élaboration de la Stratégie régionale relative aux espèces animales exotiques envahissantes en Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) (étape 2) ;
  • après avoir établi la liste précise des espèces exotiques dans la région Hauts-de-France, le but sera de hiérarchiser les espèces. Pour ce faire, la méthode EICAT de l’UICN sera mise en œuvre (étape 3). Seuls les impacts écologiques seront alors étudiés ;
  • la méthode SEICAT sera mise en œuvre dès sa publication pour prendre en compte les impacts économiques et sanitaires (étape 4) ;
  • la méthodologie sera présentée au CSRPN.

L’aboutissement de ce travail sera une première étape avant la priorisation des actions de gestion dans la région. Le protocole de priorisation des actions ne sera pas décrit dans ce document.

Les étapes de la hiérarchisation sont présentées ci-dessous. Pour accéder directement au rapport de stage sur la hiérarchisation des EEE animales cliquez ici.

Pour commencer, une première liste des espèces à hiérarchiser va être établie. Une grande diversité faunistique est présente sur la région Hauts-de-France. Toutes les espèces faunistiques ne sont pas exotiques et envahissantes, il faut donc effectuer une première sélection pour ne pas hiérarchiser les espèces qui ne rentre pas dans la définition d’une EEE. Une première liste de taxons susceptibles d’être exotiques envahissants, qui servira à la hiérarchisation, a été établie à partir du référentiel faunistique des Hauts-de-France de 2019. Ce référentiel est établi par le CEN Hauts-de-France, Picardie Nature et le GON et a été validé par le CSRPN. Il contient l’ensemble des espèces animales présentes sur le territoire et est mis à jour tous les ans. Ce référentiel a été utilisé pour lister les espèces d’Amphibiens et Reptiles, de Mammifères, d’Oiseaux, d’Apoïdes, de Papillons de jour, de Coccinelles, d’Odonates, d’Orthoptères et de Syrphes. Pour les Poissons et les Crustacés, la liste de toutes les espèces présentes dans les Hauts-de-France a été fourni par les associations de pêche et l’OFB. De ces listes ne furent conservés que les taxons dont le statut biogéographique, extrait du référentiel taxonomique TAXREF établi par l’INPN, est défini par I, J, M ou C. Il fut vérifié que les espèces réglementées dont la présence est connue dans les HDF étaient bien inscrites sur la liste.

I

Introduit

J

Introduit envahissant

M

Introduit non établi

C

Cryptogène

Une première liste de 91 espèces est ainsi obtenue. Elle comprend 12 espèces de mammifères, 36 espèces de oiseaux, 20 espèces de poissons, 4 espèces de amphibiens, 7 espèces de reptiles, 6 espèces de crustacés et 6 espèces d’insectes ( Annexe 1).

Initialement cette liste avait été enrichie des espèces des départements limitrophes aux Hauts-de-France. Au vu du nombre important d’espèces présentes sur cette liste (372 espèces), il fut décidé de ne travailler, pour le moment, que sur les espèces présentes en région. Cependant, si une nouvelle espèce exotique à caractère envahissant potentiel ou avéré venait à être détectée sur le territoire, elle serait immédiatement prise en compte dans la liste.

Cette première liste de 91 espèces doit être affinée afin de ne conserver que les espèces exotiques envahissantes avérées dans la région. Pour établir si une espèce est exotique il faut définir un cadre spatial et temporel afin de déterminer l’origine de chaque taxon et son ancienneté sur le territoire considéré. Le choix d’une date de référence va permettre de décider à partir de quand un taxon introduit ne sera plus considéré comme appartenant à la faune locale. L’aire géographique de référence est la région administrative des Hauts-de-France (comprenant les départements de l’Aisne, du Nord, de l’Oise, du Pas-De-Calais et de la Somme). Dans la Méthodologie pour l’élaboration de la stratégie régionale relative aux espèces animales exotiques envahissantes en Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA), la date de référence à partir de laquelle un taxon introduit est considéré comme n’appartenant pas à la faune locale est 1850 (date choisie par le CSRPN PACA). Cette date a été définie pour les vertébrés et correspond à la période d’intensification des échanges internationaux.

Pour les invertébrés, la date de 1950 a été suggérée. Cette date correspond à la période d’après-guerre, où les connaissances sur les invertébrés augmentent. Les connaissances sur les invertébrés étant assez dépendantes du groupe taxonomique, cette date n’est pas stricte. Si des preuves scientifiques permettent de définir et dater l’introduction d’un taxon, même avant la date de référence, alors celui-ci sera considéré comme exotique.

Seront distingués deux types de taxons exotiques :

Les taxons archéozoaires : introduits avant la date de référence, actuellement autonomes sur le territoire considéré (établi) = assimilés comme indigènes
Les taxons néozoaires : introduits après la date de référence, actuellement autonome sur le territoire considéré = exotiques. De ce fait les taxons domestiqués et anciennement introduits dans les Hauts-de-France sont exclus car non autonomes.

En suivant la clé de détermination du statut d’indigénat et du degré d’autonomie d’un taxon de la Méthodologie pour l’élaboration de la stratégie régionale relative aux espèces animales exotiques envahissantes en PACA , le statut de chacun des 91 taxons de la première liste précédemment établie sera défini.

Sont exclus les taxons dont la taxonomie est confuse (distinction impossible) et les taxons en doublon lorsqu’il n’y a que la sous-espèce présente sur le territoire.

Les informations pour répondre au questionnaire seront recueillies par travail bibliographique, en interrogeant des experts régionaux ou en consultant les bases de données régionales. La date d’introduction en France sera distinguée de celle en Hauts-de-France. La date d’introduction utilisée comme référence pour le questionnaire sera donc la date d’introduction en Hauts-de-France ou la date de première occurrence dans la région si aucune date d’introduction n’est trouvée.

Un groupe de travail constitué de diverses structures telles que la DREAL, Picardie Nature, le GON, les fédérations départementales de pêche, la Fredon, les fédérations de chasse et le CEN sera mis en place afin de discuter du protocole. Un référent CSRPN sera invité à se joindre à ce groupe de travail. Ces partenaires pourront aussi être sollicités dans le cadre du travail bibliographique pour répondre au questionnaire en cas de doute ou d’absence d’information. Les membres du GT et les experts régionaux seront amenés à valider les réponses et les sources bibliographiques.

Parmi les 91 espèces, 38 ont été retenues et seront hiérarchisées. On compte 11 espèces de poissons, 9 espèces d’oiseaux, 7 espèces de mammifères, 5 espèces de crustacés, 4 espèces d’insectes, 1 espèce d’amphibien, et 1 espèce de reptile. 20 taxons réglementés sont inclus dans la liste des espèces à hiérarchiser. La liste est disponible ici.

Le standard EICAT permet d’évaluer les impacts écologiques des espèces exotiques envahissantes. Validée en tant que standard par l’UICN, elle ne prend en compte que les impacts environnementaux négatifs et classe les espèces selon l’impact le plus sévère documenté dans les régions où les espèces ont été introduites. Cette classification se base sur l’ensemble des données disponibles. Cela comprend la littérature publiée et la littérature non publiée.

Les impacts sont classés en 12 mécanismes aux conséquences négatives pour les taxons indigènes :

  • Compétition (pour la nourriture, l’eau, l’espace…)
  • Prédation
  • Hybridation
  • Transmission de maladie
  • Parasitisme
  • Empoisonnement, toxicité
  • Encrassement biologique ou autre perturbation physique directe
  • Herbivore, pâturage, broutage
  • Impact chimique sur les écosystèmes
  • Impact physique sur les écosystèmes
  • Impact sur la structure des écosystèmes
  • Impact indirect via les interactions avec les autres espèces

Chaque impact d’une espèce donnée se verra attribuer une catégorie. Le protocole EICAT décrit 8 catégories dont 5 décrivent des niveaux d’impact – préoccupation minimale (MC), faible (MN), modéré (MO), majeur (MR) et critique (MV) – et 3 identifient les taxons non évalués (NE), indigènes (NA) et sur lesquels l’absence de données (DD) prévient la catégorisation.

Afin de souligner les incertitudes et de les mesurer, un niveau de confiance est attribué à toute évaluation d’impact. Il est assigné en fonction de la probabilité que la catégorie d’impact soit correcte et dépend donc de la documentation, des données utilisées pour faire l’évaluation et de l’échelle spatiale sur laquelle les données ont été enregistrées. Les informations confondantes ou contradictoires seront ainsi prises en compte. Le niveau de confiance est classé en trois niveaux : fort, moyen ou faible.

Un document excel disponible sur le site de l’UICN permet de consigner toutes les sources d’informations utilisées pour catégoriser chaque mécanisme d’impact pour une espèce donnée. Pour chaque source sera renseigné le mécanisme d’impact, la catégorie d’impact et le niveau de confiance attribué. Des informations sur la taxonomie de l’espèce évaluée devront aussi être indiquées, ainsi que le nom de toute personne ayant pris part à l’évaluation. Le degré d’information y est également renseigné. La catégorie d’impact la plus élevé des 12 mécanismes sera retenu pour l’espèce.

Sur les 38 espèces à hiérarchiser, seules 17 ont pu l’être dans le cadre du stage de Maëlle. Le résultat de cette hiérarchisation est disponible ici.

Afin de prendre en compte les impacts sanitaires et économiques, une autre méthode dite SEICAT sera mise en œuvre. Celle-ci fonctionne selon le même protocole qu’EICAT. SEICAT étant encore en cours d’élaboration, seule la classification EICAT sera mise en œuvre. La méthode SEICAT sera mise en œuvre en région lorsqu’elle sera aboutie.