1. Pouvez-vous vous présenter et nous dire qui vous êtes ?

Je suis Audrey Fabry, j’ai 28 ans et je travaille à l’OFB en tant qu’inspectrice de l’environnement depuis juillet 2021. D’un point de vue universitaire, je suis titulaire d’un BTS GPN, d’une licence professionnelle en valorisation et protection du patrimoine et suite à ça j’ai fait un M1 Ecologie, Agroécologie et Biodiversité à l’UPJV puis un Master 2 en Dynamique et géographie des territoires spécialité Environnement, également à l’UPJV.

J’ai été au contact de la nature depuis toute petite et c’est un secteur qui m’a toujours intéressée. Au début, j’avais pour idée de travailler dans l’animation nature mais c’était avant de découvrir les missions de gestion d’espaces naturels et de police de l’environnement qui m’ont davantage attirée.

Suite à mes études, j’ai été embauchée en tant que chargée d’études faunistique dans un bureau d’étude puis dans un syndicat de rivière dans l’Aisne en tant qu’animatrice CTEC. Je travaillais alors principalement dans l’animation de territoire.

L’OFB était mon objectif et j’ai eu la chance d’être recrutée au service départemental de l’Oise.

Audrey FABRY
2. Quelles sont vos missions et enjeux dans votre poste (relatifs ou non aux EEE) ?

J’ai un poste d’inspecteur de l’environnement donc mes missions principales concernent la police de l’environnement au sens large. On fait par exemple des contrôles sur le terrain, des procédures, de la police administrative, des avis techniques… On a aussi des missions de connaissance de type suivis comme les suivi avifaune, suivi écrevisse, suivi de connaissance sur les cours d’eau… C’est assez complet.

On a aussi des missions de mobilisation des territoires. Ça veut dire que l’on va travailler avec les acteurs de l’environnement, faire des missions d’assistance aux collectivités… C’est un poste très diversifié et c’est ce que j’aime particulièrement. L’enjeu principal est l’aspect police avec une partie répressive mais aussi de sensibilisation. C’est nous qui faisons respecter le code de l’environnement donc l’enjeu est important.

3. Comment, pourquoi et quand la problématique des EEE s’est-elle insérée dans vos missions ?

J’ai fait mon stage de fin d’études sur les EEE donc c’est une thématique à laquelle je suis sensibilisée.

Par nos missions connaissance et police, l’aspect EEE fait partie du métier vu que c’est une des principales causes de régression de la biodiversité. Par nos missions connaissance, on va faire du suivi et de l’acquisition de données sur ces espèces et d’un point de vue police, on va surveiller le trafic de ces espèces.
On a constaté des problématiques EEE dans l’Oise notamment sur des espèces émergentes comme le Tamia de Sibérie et la Perruche à collier. J’ai donc été nommée correspondante EEE peu après mon début de poste.

Actuellement, on s’intéresse au Tamia de Sibérie et à la Perruche à collier. On peut avoir ponctuellement des missions sur d’autres espèces comme la Bernache du Canada par exemple. L’objectif serait de pouvoir travailler sur d’autres espèces en fonction des opportunités. Le but est de s’intégrer aux projets qui se dessinent dans le cadre de la stratégie régionale.
Cependant, la thématique EEE n’est pas prioritaire dans mon poste. Cela reste une mission subsidiaire.

4. Aviez-vous déjà travaillé sur les EEE ? Qu’est-ce qui vous a attiré dans cette thématique ou ce poste ?

Oui, mon stage de fin d’études a été mené à la Fédération des chasseurs de l’Aisne sur le Raton laveur et le Chien viverrin. L’objectif était d’élaborer un plan d’action sur ces espèces. Il est d’ailleurs présent sur le Centre de ressources EEE HDF.

J’avais déjà eu l’occasion dans le cadre de mes stages d’aborder les EEE végétales, qui sont très documentées, mais la faune on n’en parlait pas tant que ça. A la publication du stage sur le Raton-laveur, je me suis dit que cela pouvait être intéressant de se pencher sur une espèce méconnue et d’apporter quelque chose sur la thématique. Etant plus intéressée par la faune que la flore, c’est aussi cette sensibilité qui m’a amené à travailler sur les EEE faunistiques.

5. Travaillez-vous sur les EEE animales, végétales, les 2 ou sur certaines espèces en particulier ?

On peut être amené à travailler sur la faune et la flore mais pour le moment je travaille particulièrement sur la faune mais on pourrait aussi être amené à travailler sur les espèces floristiques au besoin.

6. Vos missions vous permettent-elles de côtoyer d’autres acteurs régionaux impliqués sur la thématique ? Si oui, lesquels ?

Oui, notamment avec l’animation des COPIL Tamia. Je travaille notamment avec le CEN, avec la DREAL, le CRPF, l’ONF, la FRC mais aussi Picardie Nature et le PNR Oise – Pays de France.

7. Qu’appréciez-vous le plus dans le fait de travailler sur la thématique des EEE ? Qu’est-ce qui vous semble au contraire difficile ou désagréable ?

C’est l’aspect acquisition de connaissances et l’aspect action. Il y a beaucoup de choses qui se font mais restent théoriques mais il faut quand même agir pour être efficace et limiter les impacts. Ce qui me plaît c’est de mener un projet de bout en bout, de l’acquisition de connaissances jusqu’aux actions de contrôle, de gestion.

La partie sensibilisation aussi est intéressante. L’aspect floristique est plutôt bien accepté par le grand public mais l’aspect faunistique est plus délicat. Les gens ont du mal à se dire que les espèces comme le Raton laveur ou le Tamia de Sibérie qui sont mignonnes peuvent avoir des impacts. Il faut passer par la sensibilisation et expliquer aux gens qu’elles ont des impacts et qu’il faut donc mettre en place des actions car la propagation de ces espèces-là se fait au détriment des espèces autochtones.

Si je devais vraiment citer quelque chose de difficile ou de désagréable, ce serait la partie rédaction parce que je préfère aller sur le terrain. Le plus difficile est de communiquer auprès du grand public et de certains acteurs qui sont réticents face aux actions de gestion.

8. Parlez-nous d’un projet relatif aux EEE sur lequel vous travaillez actuellement ou que vous prévoyez de mener dans les semaines ou mois à venir ?

Le projet Tamia de Sibérie est mené en collaboration avec les acteurs cités auparavant. C’est un projet mené conjointement avec pleins d’acteurs et c’est ce qui est vraiment intéressant parce que ce n’est pas toujours facile de travailler collégialement. L’avantage est de mettre toutes les forces en présence pour lutter contre les EEE. On n’a pas forcément les mêmes compétences donc travailler ensemble permet de bénéficier des aptitudes de chacun vers un objectif commun.
Cette année, on accueille un stagiaire au mois de mai et la Fédération des chasseurs de l’Oise aussi, afin de travailler sur un début d’acquisition de connaissance. Ils vont tester un protocole de suivi du Tamia de Sibérie. Le but étant de remettre à jour les données sur le Tamia de Sibérie car c’est une espèce qui n’a pas fait l’objet de beaucoup de suivis. Il y a eu une enquête menée par Picardie Nature en 2011 mais depuis on n’a que des données éparses et ponctuelles. On fera ensuite un bilan en fin d’année pour voir jusqu’où il s’étend et cela déterminera l’orientation de notre plan d’action et s’il y a un besoin d’agir ou non.

9. Racontez-nous une expérience ou un élément qui vous a marqué en lien avec les EEE ?

Mon stade de Master 2 m’a marqué parce que c’est à ce moment-là que j’ai vraiment découvert la thématique. C’était un stage très plaisant et j’ai découvert pleins de choses. J’y ai d’ailleurs vécu ma première rencontre avec un Raton-laveur.

10. Si vous deviez vous identifier à une EEE, laquelle choisiriez-vous et pourquoi ?

Ce serait un animal, c’est sûr. Je dirais bien le Raton laveur parce qu’il a un aspect calme mais il faut s’en méfier. C’est mon coup de cœur. C’est un animal qui a une image un peu marrante notamment par ses apparitions dans les Disney.

11. Pour conclure, concernant les EEE, quel est votre mot d’ordre ou philosophie ?

Agir. Il faut arrêter d’attendre et il faut agir avant que ce soit trop tard. Pour beaucoup d’espèces, la prise de conscience des impacts arrive trop tard.

Entretien réalisé par Marie ANGOT le 08 février 2023 en la présence d’Audrey Fabry.
Relecture
: Audrey FABRY.
Mis en ligne le 03 octobre 2023.

CONTACTS
Audrey FABRY
audrey.fabry@ofb.gouv.fr